
La mode fermente et se réinvente avec Balenciaga La Maison française innove une fois de plus avec des matériaux pour le moins inattendus

Après le pull à capuche avec musique intégrée, le sacs en forme de paquet de chips ou encore le pantalons hybride composé d'un short cargo et d'un jean à la fois, Balenciaga a encore frappé, et revient aujourd'hui avec une nouvelle idée toute aussi farfelue mais cette fois particulièrement intéressante et progressiste : une veste en tissu fermenté. Si au premier coup d’oeil elle ressemble à une veste en cuir tout ce qu'il y a de plus banal style Matrix, elle est en fait réalisée en tissu biosourcé expressément conçu pour la Maison. Le tissu, une création de l’entreprise San Franciscaine Gozen, se nomme LUNAFORM et a pris pas moins de 2 ans à être conçu et présenté au public. Une attente qui, de toute évidence, en valait la peine, car le résultat est non seulement surprenant mais également intéressant esthétiquement. Le tout en n’utilisant aucun sous-produit animal, réduisant ainsi l’empreinte carbone de la marque et de celui qui la portera. En effet, le tissu est un biomatériau réalisé à partir de micro-organismes qui, une fois le processus de fermentation terminé, donnent un effet chiffonné connu pour être apprécié du directeur créatif de la Maison Demna. Un petit pas pour Balenciaga, grand amateur des expérimentations textilières depuis ses premiers pas (avec par exemple le Gazar, un tissu conçu par Cristobal Balenciaga himself), un grand pas pour la mode durable. Pourtant la maison Balenciaga n’est pas la première et sûrement pas la dernière à proposer une pièce alliant mode, science et durabilité.
Cependant tout ceci concerne principalement la maroquinerie et les sacs, et de grands progrès restent encore à faire en ce qui concerne l’habillement, Balenciaga restant parmi les rares marques à proposer une pièce plus volumineuse requiérant une quantité de tissu plus importante en cuir végan. Bien que la marge de progrès reste importantes, les recherches et innovations se font toutefois de plus en plus nombreuses. Le groupe de luxe Kering, par exemple, en collaboration avec l’industriel Spiber, a lancé en février dernier le «Biosphere Circulation», un projet visant à transformer les vêtements et textiles non-utilisés en nutriments pour la fermentation microbienne et la production de nouveaux matériaux protéiques. Pour faire simple: les vêtements sont transformés en sucre, afin de pouvoir fabriquer de nouveaux fils, qui seront ensuite réutilisés pour fabriquer d'autres pièces. Comme quoi, le sucre peu avoir du bon après tout. La levure est également un des ingrédients phares pour la fabrication de tissus végan, produisant non seulement un rendu esthétique impressionnant mais aussi étonnamment résistant. Balenciaga pourrait donc bien ouvrir le bal et inspirer gentiment ses confrères à suivre la tendance du faux cuir durable. Espérons que l’avenir réserve au monde de la mode, pourtant encore loin d'être un tant soit peu éco-responsable, des progrès et des innovations toujours en ligne avec les défis écologiques, le tout en restant fashion et esthétiquement captivant.