
Les 5 meilleurs défilés de la Fashion Week masculine de Paris La capitale française ne cesse de surprendre
Parler de Paris peut sembler presque redondant, tant la Fashion Week française, dans toutes ses déclinaisons, reste intouchable. Après un calendrier assez complexe pour le menswear milanais, la mode masculine de Paris a réussi à offrir une semaine intense : les protagonistes n'ont pas seulement été les grands noms du calendrier, mais aussi les débuts d'outre-Atlantique, qui ont offert des défilés mémorables. Avec le début de la Couture Week, on peut dire que le calendrier masculin pour la FW25 est officiellement terminé, voici donc la liste des 5 meilleurs défilés de la Paris Fashion Week Men's.
Dior Homme
Peut-être que quitter la direction artistique de Fendi a réveillé l'esprit classiciste de Kim Jones : en s'inspirant de la Ligne H de Christian Dior, Jones a apporté à l’École Militaire un triomphe de sensualité fluide. Avec un hommage distinct au classicisme, la collection FW25 a réussi à combiner parfaitement l'ADN de la Maison d'une manière ultra-moderne, mêlant une réinterprétation sophistiquée de l'histoire de la mode à une esthétique contemporaine. Jones a exploré l'idée de métamorphose et de transformation, un thème qui traverse toute la collection, depuis l'inspiration de la Ligne H de Dior pour la saison Automne-Hiver 1954-55, jusqu'à la transposition de ces éléments dans la mode masculine. La fluidité des silhouettes et le jeu de volumes, alternant lignes ajustées et formes plus souples et évasées, reflètent le dialogue entre passé et présent. Les influences couture féminines émergent avec force dans les pièces comme les manteaux et capes opératiques, revisitant la garde-robe masculine avec une touche de théâtralité, sans jamais perdre l'essence rigoureuse et monumentale de la Maison. On pourrait presque oser dire que l'on semble être revenu aux années d'or de Dior.
Willy Chavarria
En fort contraste avec les habituels défilés parisiens, Willy Chavarria est venu de New York pour renverser les codes rigides de la Fashion Week française. Si chez Dior, on respirait le classicisme, le designer mexicain a apporté sur le podium un mélange romantique d'inclusivité, d'intersectionnalité et de diversité, principes fondamentaux risquant d'être éclipsés dans les années à venir. Avec un casting d'exception et des références significatives dans le maquillage et la coiffure, le message de Chavarria a été sans équivoque : la mode est et doit rester un outil politique. La collection FW25, intitulée Tarantula, se distingue par son extrême attention aux détails sartoriaux et sa capacité à raconter une histoire culturelle profonde à travers chaque élément. Les pièces oversize aux épaules marquées et cols pointus apportent une touche rétro, tandis que des tissus luxueux comme le velours multicolore, la soie et un bouclé rouge intense évoquent une esthétique dramatique et sophistiquée, rappelant même le Chanel de Karl Lagerfeld des années 90. Les accessoires, tout aussi emblématiques, jouent un rôle crucial dans la narration. Les longs chapelets portés à la main et les clés utilisées comme charms deviennent des symboles d'appartenance et d'identité, renforçant le dialogue entre spiritualité et quotidien. À travers Tarantula, Willy Chavarria a démontré que la mode n'est pas seulement esthétique, mais aussi un moyen de remettre en question les frontières culturelles, de raconter des histoires de résilience et de réaffirmer la valeur de l'inclusivité.
Lemaire
Contre toute attente, le quiet luxury continue d'être une présence dominante sur les podiums parisiens, confirmant que l'élégance ne perd jamais son attrait. Parmi les marques qui représentent le mieux cette philosophie, Lemaire continue de se distinguer par sa cohérence et sa rigueur. Avec une approche sans fioritures et sans excès, Christophe Lemaire et Sarah-Linh Tran ont présenté une collection FW25 qui reste fidèle à leur esthétique, construite sur un équilibre raffiné entre forme et fonction. Les silhouettes, point focal de la collection, émergent avec force grâce à l'utilisation calibrée de matériaux précieux, parmi lesquels le cuir se distingue. La collection explore le concept de luxe avec des tissus aux textures riches et des drapés souples, capables de créer une esthétique qui allie praticité et modernité. Les silhouettes co-ed combinent habilement fonctionnalité et raffinement : des vestes en cuir côtoient des jupes fluides et des pantalons souples, composant une garde-robe pensée pour le quotidien mais avec une empreinte sartoriale évidente. Lemaire ne fait aucune concession superflue, mais chaque détail parle de soin et de précision, comme le montrent les ceintures fines qui finissent les looks sans les alourdir. Et si d'habitude les sacs tendent à être parmi les accessoires privilégiés, pour cette FW25 les chaussures ont réussi à capter toute l'attention, notamment les escarpins et les bottes en cuir plissé.
Sacai
La nature sauvage, la toundra et le froid : avec la FW25 de Sacai, on a l'impression d'être transporté dans un paysage rude et intact, mais l'inspiration de Chitose Abe est bien plus intime et nostalgique, ancrée dans l'imaginaire fantastique du livre pour enfants Where the Wild Things Are. Au centre de la collection se trouve une utilisation insistante de la fourrure, élément qui traverse vêtements, accessoires et chaussures, émergeant avec force dans la nouvelle collaboration avec UGG. La collection ne se limite pas à proposer du déjà-vu, mais élargit le discours amorcé avec des collaborations précédentes comme celle avec Carhartt WIP, faisant évoluer des pièces classiques comme les chore jackets en versions plus élaborées : vestes en cuir, doudounes avec cols en velours côtelé et tons comme marron foncé et vert pin. Les silhouettes maintiennent le jeu typique de volumes de la marque, avec des superpositions alternant pièces oversize et coupes plus ajustées. La maille, les rembourrages et les nouvelles finitions en cuir se mêlent à la toile lavée pour créer une esthétique qui, tout en évoquant le workwear, reste profondément enracinée dans l'univers Sacai. La fourrure devient le fil conducteur : bordures, manteaux et chaussures, notamment les bottes en shearling montant jusqu'au genou et les slip-on réalisées avec UGG, dominent le podium, tandis que des détails comme les imprimés wild cow de J.M. Weston ajoutent une touche volontairement excentrique. La palette chromatique oscille entre les verts militaires, les marrons et les beiges, avec des incursions plus marquées comme le rouge écarlate. Rien n'est superflu, mais rien n'est non plus imprévisible : Abe continue de travailler sur le subtil équilibre entre l'utile et le sophistiqué.
EGONLAB.
Cela ne fait aucun doute : les podiums continuent de lancer des signaux indiquant que l'hiver prochain sera un “Nosferatu Winter.” En tête de cette tendance se trouve EGONLAB., qui avec la collection FW25, intitulée S4LEM, a décidé de réinterpréter les procès des sorcières à travers une lentille contemporaine. La narration, apparemment inspirée des événements du XVIIe siècle, pose en réalité une réflexion sur des thèmes plus actuels, comparant les sorcières d'autrefois aux minorités et aux communautés marginalisées d'aujourd'hui. Le premier look, un long manteau noir croisé avec des cols et des poignets effilochés, capture immédiatement l'essence de la collection : un minimalisme gothique qui définit toute la ligne. La collection aborde le thème de la lutte et de la résilience à travers l'utilisation innovante de matériaux et de silhouettes traditionnels, manipulés pour créer des textures et des formes inattendues. Parmi toutes les caractéristiques, la palette chromatique se distingue en explorant des tons poussiéreux avec des accents brillants et inattendus de rose et d'orange foncé. Les éléments liés à la sorcellerie sont disséminés dans les détails : les “bat flowers” ou fleurs de sorcière, réinterprétés en tant que franges en cuir volumineuses, décorent les capuchons des vêtements, tandis que des corsets noirs se superposent aux chemises et pantalons, ajoutant une touche éthérée aux looks. Les accessoires, comme des bottes hautes lacées ornées d'arabesques en cuir et des chapeaux portés dans un style religieux, s'associent à un maquillage dramatique pour amplifier encore plus l'atmosphère sombre et mystique de la collection.